« Là, c’était aussi un feu de bois. On y faisait rôtir les gigots, les dindes, le gibier, et même les épaules d’agneau. Le cuisinier, lui, était pour la broche. Les plats, lui, il n’aimait pas ça. Les sauces, il n’était pas fort. La pâtisserie non plus, mais la broche ! Moi qui avais toujours eu envie de broche !»
« Les Âmes fortes », Jean Giono, 1950
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Le 18 septembre 2015, répondant à l’invitation de l’Alliance française, Sylvie Durbet Giono a présenté à Fribourg, avec force détails et anecdotes, son ouvrage intitulé « La Provence gourmande de Jean Giono ».
Quel plaisir de l’entendre parler de la vie familiale au Paraïs ! Avec ses mots chaleureux, elle a ouvert à l’auditoire les portes de sa maison familiale à Manosque : entre les escaliers, les couloirs et les fenêtres ouvertes, les montées et les descentes à l’étage, apparaissent, tour à tour, d’une pièce à l’autre, la mère, la tante, la grand-mère, les deux filles, les visiteurs de passage, les amis, et, naturellement, Jean.
Sylvie Giono délivre les clés du Paraïs et offre une évasion à la fois culinaire et littéraire au cœur de sa famille. Les pages se tournent, le lecteur devient un intime, il entre dans le sceau de la confidence, et il en vient même à entendre « le claquement sec des touches de la machine à écrire » et visualise Elise, cette mère dévouée et aimante, «tapant très vite pendant des heures» les romans de son mari.
Au Paraïs, la porte était toujours ouverte ! Ainsi le libraire de Manosque n’hésitait pas à appeler Jean pour lui demander s’il pouvait lui envoyer des lecteurs. Jean ne refusait jamais et la famille Giono recevait alors au pied levé des hôtes inattendus qui, selon l’heure de leur arrivée, étaient invités à partager le repas avec eux. Se nouaient à cette occasion de vrais échanges.
Jean avait une imagination foisonnante, et en « voyageur immobile », il ne quittait jamais son bureau pour écrire. Son environnement revêtait une grande importance, désireux d’avoir toujours autour de lui les mêmes objets, placés aux mêmes endroits, et de songer notamment, au choix de la plume, du papier et de l’encre. Il ne prenait jamais congé de son écritoire. Pas même à Noël. Au Paraïs, les livres ont remplacé les murs. Sauf à la cuisine. Jean Giono les aimait avec passion.
« La Provence gourmande de Jean Giono » est un ouvrage qui a été publié par les Éditions Belin en 2013 et couronné par le « Grand Prix Eugénie Brazier ». Sylvio Giono rend un vibrant hommage à ses parents et invite son lectorat à retrouver des recettes de cuisine telles que sa famille les préparait à l’époque où Jean, en conteur insatiable, enchantait, autour de la table, son auditoire, par ses magnifiques histoires.
Valérie DEBIEUX (2015)
(Éditions Belin, octobre 2013, 194 pages)
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