"Les rues parallèles", Gérald Tenenbaum

Le terme parallèle revêt de multiples acceptions. En géométrie, il désigne des lignes ou des surfaces qui ne se rencontrent jamais. Mais le mot s’étend bien au-delà du champ mathématique : il peut s’appliquer au temps ou à l’espace, évoquer une comparaison implicite ou explicite, ou encore s’associer à d’autres notions, comme celles de « marché parallèle » ou de « police parallèle ».

Dans ce recueil, le professeur de mathématiques Gérald Tenenbaum convie le lecteur à le suivre dans Les rues parallèles, un ensemble de quatorze nouvelles. Ce choix numérique n’est sans doute pas fortuit : il résonne comme un clin d’œil du mathématicien à la numérologie, pour laquelle le chiffre quatorze — double perfection (2 × 7) — évoque un mouvement d’aller-retour de la base au sommet. Il peut aussi rappeler la tradition biblique : selon la gématria, quatorze correspond à la valeur numérique du nom «David» et au chapitre 14 de l’Évangile selon saint Matthieu.

Quelle qu’en soit la véritable raison, ce chiffre agit comme un prologue symbolique, une clé qui ouvre sur la diversité des thèmes abordés dans ce livre. Au fil de ces récits, l’auteur entraîne le lecteur à travers des univers multiples où passé, présent et futur se mêlent subtilement. Le chiffre « 7 » — nombre premier, symbole de sagesse et de spiritualité — vient, lui aussi, ponctuer ce parcours littéraire, comme un fil discret reliant les différentes nouvelles entre elles.

Quatorze nouvelles, quatorze histoires, chacune avec sa voix singulière, distillent — parallélisme oblige — des réflexions et des questionnements communs autour de l’absence, du hasard, de la transmission, des rencontres, de l’écoulement du temps, de la mémoire, de la douleur de la séparation et de l’espoir.

Ces « contes », aux contours finement ciselés et aux dénouements souvent inattendus, sont autant de petites odes qui éveillent émotion et émerveillement à chaque détour de ruelle. Ils invitent le lecteur, dans le silence de la réflexion intérieure, à poser un regard interrogatif sur sa propre existence, sur les rencontres et les événements qui l’ont façonnée.

Un ouvrage d’une grande finesse. À découvrir.

Valérie DEBIEUX (21 octobre 2025)

(Cohen&Cohen, 2 octobre 2025, 131 pages)