"Jeanne de la Bosse: 'une sainte' du Jura", Martin Nicoulin
- Valérie DEBIEUX
- 10 juin
- 2 min de lecture

L’héroïne de cet ouvrage, Jeanne Froidevaux, naît le 15 août 1596 dans le petit village jurassien de La Bosse. Elle meurt le 6 décembre 1625 au monastère des Annonciades de Pontarlier, après une vie marquée par une ferveur mystique peu commune.
Dès l’âge de sept ans, Jeanne choisit de se consacrer entièrement à Jésus. À quinze ans, malgré son opposition farouche, elle est conduite devant l’autel pour être mariée à un certain Érard. Refusant cette union imposée, elle déclare : « Ils me marient, mais je ne marie pas. » La nullité de ce mariage sera officiellement prononcée par les autorités religieuses plus de six mois après, Jeanne retourne vivre chez ses parents à La Bosse. Au cours de sa vingtième année (le 27 décembre 1616), elle fait vœu de chasteté, d’obéissance, de pauvreté et de vivre cloîtrée et devient sœur Marie-Hyacinthe. À l’âge de vingt-neuf ans (le 6 décembre 1625), elle décèdera dans ce monastère des Annonciades.
« La beauté de cette âme fait des ravages, provoque des jalousies et éveille des soupçons. Des prêtres et des supérieures commencent à traiter Jeanne comme une illuminée. Pour ceux-ci, le diable habite l’âme de Jeanne. Elle subit un exorcisme. Pendant quatre, une religieuse exerce une surveillance serrée. Puis cette éprouvante et horrible chasse à la sorcière s’arrête. […] Car arrive le père Parisot qui devient son confesseur pendant cinq ans. Le savant jésuite comprend que Marie-Hyacinthe chemine sur une voie extraordinaire. La petite Jurassienne est une mystique comme Thérèse d’Avila et Ignace de Loyola. […] Grâce à des apparitions, elle connaît Jésus Christ et la vierge Marie […] Elle sait expliquer simplement et clairement les mystères de la théologie. Elle possède le don de prophétie ».
Dans son ouvrage richement documenté, Martin Nicoulin retrace avec précision et vivacité la vie de Jeanne de La Bosse. S’appuyant sur des recherches solides, il dresse le portrait de cette figure spirituelle exceptionnelle, tout en replaçant son histoire dans le contexte des bouleversements qui ont marqué la région : la guerre de Trente Ans, la conquête de la Franche-Comté par Louis XIV, la Révolution de 1789, l’époque napoléonienne et le Kulturkampf du XIXe siècle.
Malgré ces tempêtes de l’Histoire, la dévotion populaire envers Jeanne ne s’est jamais éteinte. En 1719, un oratoire lui est dédié, auquel on ajoute un toit, puis une flèche abritant une cloche en 1769. En 1897, cet oratoire est remplacé par une chapelle, restaurée en 1975 et placée sous la protection de la Confédération.
Martin Nicoulin conclut en appelant à relancer le projet de Pierre Froidevaux : il est urgent, selon lui, de demander à l’évêque du diocèse d’ouvrir à Rome le procès de canonisation officielle de Jeanne de la Bosse.
Valérie DEBIEUX
(Éditions Saint-Augustin, septembre 2022, 128 pages)
Quelques sites concernant cette "sainte du Jura" :
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