« La musique est une loi morale. Elle donne une âme à nos cœurs, des ailes à la pensée, un essor à l’imagination. Elle est un charme à la tristesse, à la gaieté, à la vie, à toute chose. Elle est l’essence du temps et s’élève à tout ce qui est de forme invisible mais cependant éblouissante et passionnément éternelle ». - Platon
La vie de Puccini est un concentré d’amour tant il avait besoin d’aimer et d’être aimé. Partagé entre l’amour de sa femme Elvira et celle de ses maîtresses, Puccini a l’âme aussi déchirée que celle de ses personnages d’opéra. « Dans son lit d’hôpital, la dernière page qu’offrit Puccini au monde, son testament ultime, est la mort de Liù. Cette femme fine, humble, bonne et pleine d’amour se suicide pour éviter de révéler le nom de l’homme qu’elle aime. » L’émotion fut à son comble lors de la première de « Turandot » à la Scala de Milan, le 25 avril 1926. « Tanto amore segreto », « Tant d’amour secret », se souvenait Giulia qui y avait reconnu distinctement les mots qu’elle entendit, quelques instants avant la mort, dans la bouche percluse et souffrante de sa cousine. »
Oui, « Puccini l’aimait », celle qui pouvait lire et décrypter la musique, sa musique en particulier, et ce, sans en avoir véritablement les connaissances : « La musique, seule, atteignait Doria à l’endroit où elle vivait. […] Les yeux fermés, elle se concentra pour écouter une résolution, un accomplissement ou quelque chose qui lui eût permis de repartir au travail. Et pour la première fois, elle perçut la chanson elle-même. Elle savait d’où venait la phrase, elle l’avait entendue au loin, au-dessus de Puccini et d’elle, dans le silence. Ce n’était pas le vent qui se frottait contre la fenêtre fermée, ce n’était pas quelqu’un qui se reposait dans la chambre à côté, ni le bois du parquet qui travaillait sous le soleil. Elle avait clairement entendu la chanson. Elle savait : après le gamin qui court en bas de la colline, il fallait une lourde pierre jetée dans une fontaine qui épanouit l’eau en une gerbe ronde d’éclaboussures. Elle releva la tête juste à temps pour voir Puccini dresser l’oreille vers le ciel. Elle comprit qu’il avait entendu, lui aussi, clairement, la chanson qui tournait au-dessus d’eux. Elle le vit griffonner, tracer sa partition, écrire rapidement quelque chose, puis se redresser les mains en l’air, prêtes sur les touches. Et il rejoua la phrase, exactement telle qu’elle l’avait entendue. Elle sourit. Il se retourna et la découvrit ainsi. Il vit l’innocence et le savoir, sculptés dans son sourire. Quelque chose d’autre aussi qu’il ne pouvait reconnaître, qu’il ne connaissait pas encore, mais qui le surprit et le stupéfia, lui, le maestro. Elle était innocence et savoir… »
Dans ce premier roman, la plume fervente et virtuose de Brigitte Hool - artiste lyrique et femme de lettres - retrace brillamment la vie sentimentale désespérée de Giacomo Puccini, comme si elle avait capté l’essence de son âme à travers son répertoire musical, car en effet, oui, qui mieux qu’elle pouvait redonner vie au célèbre compositeur italien, alors qu’elle a souvent chanté Puccini, compositeur qu’elle adore… Amour, trahison, passion, tragédie, tristesse, injustice, toute une palette d’émotions se dessine, en filigrane, dans ce récit passionnant qui constitue un vibrant hommage au maestro italien…
This is a real masterpiece…
Valérie DEBIEUX
(L’Âge d’Homme, août 2016, 284 pages)
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