En prélude à son ouvrage «Sous l’étoile de Giono», magnifique recueil de poèmes, accompagnés de très beaux dessins exécutés par Diane de Bournazel, Jacques Viallebesset, écrivain et poète, décrit, en termes succincts, sous l’intitulé «Avant-dire», l’effet catalytique généré en lui, consécutivement à sa rencontre avec l’univers de Giono : «[…] J’ouvris les premières pages et je sus, tout de suite, que «le pays où l’on n’arrive jamais » existait, à portée de main et du regard. […] Jean Giono a été pour moi ce que Bobi est pour les personnages de Que ma joie demeure un professeur d’espérance. Ses mots n’ont pas seulement structuré mon imaginaire, ils ont effectué en moi œuvre alchimique en me transmutant. […]».
À cet avant-propos, à la fois hommage et témoignage de gratitude envers Giono et son oeuvre, succède une série de quatorze poèmes numérotés intitulés «Pour saluer Giono » avec, en parallèle, quatorze autres poèmes eux aussi numérotés ayant pour libellé «Dans la marge » et juxtaposés de dessins.
Ces textes, tout en rondeur, tout en légèreté, tout en finesse, respirent l’œuvre de Giono, sa vision du monde et des hommes ; ils résonnent comme l’écho des valeurs humaines, simples et authentiques dont Giono s’était fait l’apôtre et auxquelles l’auteur invite l’homme à aspirer et à s’inspirer.
« Dans la marge 4
La misère et la guerre à feu et à sang
Détruisent les hommes leur corps et leur âme
Ravageant les hautes futaies de nos cœurs
Faisant de notre monde une terre brûlée
Il n’est qu’une seule bataille qui vaille
Celle de l’amour et de la volonté
De garder vivante la flamme de l’être
Vivre et aimer sont les lueurs d’un seul feu
Où les braises des cœurs se raniment
Nos mains de feuilles entrelacées se chauffent
À la flamme bleue de tes yeux lumineux ».
Ce credo en la vie et en l’amour, Jacques Viallebesset le décline au travers de chacun de ses textes, avec des teintes différentes, selon les saisons de la vie, les moments de l’existence et les lieux, sans oublier les mises en garde :
« Pour saluer Giono 8
Je suis celui qui entre et parle de la vraie vie
Dans les villes cristallisent des intelligences mortes
Des lois de désespoir soumettent à la servitude
Te transforment en homme-robot incapable de sentir
Seulement de produire sans discernement
Il faut détruire la société bâtie sur l’argent
On te prive des seules vraies richesses de l’homme
Des vents, des arbres, des fleuves, des neiges, du soleil
[…]
Car la seule richesse de l’homme est dans son cœur
[…] ».
Au final, un très beau recueil où l’auteur n’a de cesse, au regard des valeurs de la société actuelle, de défendre et promouvoir à travers ses mots qui sonnent juste, son langage imagé, son amour de la nature et son sens aiguisé de la métaphore, un ensemble de valeurs profondément ancrées en l’être humain. Ces valeurs, il appartient à chacun de les découvrir ou les redécouvrir, et de faire en sorte de conduire sa vie à la lumière de ces sémaphores. Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas encore, « Sous l’étoile de Giono » se lit avec plaisir et bonheur ! Quant aux dessins de Diane de Bournazel, ils se marient à merveille avec les textes qu'ils accompagnent. À découvrir…
Valérie DEBIEUX (2014)
(Al Manar, octobre 2014, 44 pages)
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