Le Père Feuillée naquit le 15 août à Mane en 1660. […] Très jeune, ses parents, de pauvres cultivateurs, le placèrent comme portier au couvent des Minimes de cette ville. Ce couvent, fondé en 1602 par Melchior de Janson, comptait alors parmi ses moines plusieurs érudits et son rayonnement intellectuel s’étendait sur toute la région. Le Père Feuillée rapporte dans son Journal qu’il avait eu depuis sa plus tendre enfance une inclination naturelle pour les mathématiques, et que, dès l’âge de dix ans, il s’était aperçu que le mouvement de la lune, d’orient en occident, était beaucoup plus rapide que celui des autres planètes dont il observait les différentes situations à l’égard des étoiles fixes. Les supérieurs du jeune Feuillée encouragèrent ces exceptionnelles dispositions et, après lui avoir enseigné le latin, l’envoyèrent poursuivre ses études au couvent des Minimes de Marseille afin qu’il pût étudier les mathématiques et l’astronomie pour lesquelles il manifestait tant d’aptitudes. […] Le Père Feuillée fut lié d’amitié avec de nombreux savants, échangeant avec eux une importante correspondance. […] Sa correspondance montre en quelle estime il était tenu en haut lieu. Il savait cependant, avec beaucoup de déférence, se montrer exigeant lorsque cela était nécessaire à la bonne conduite de ses missions. Sa correspondance avec le Duc d’Orléans et avec l’abbé Bignon est très révélatrice à cet égard. […] L’œuvre imprimée du Père Louis Feuillée est contenue dans trois volumes in-folio intitulés « Journal des Observations Physiques, Mathématiques et Botaniques faite par ordre du Roi sur les Côtes orientales de l’Amérique méridionale & aux Indes Occidentales ». Le quatrième volume de son Journal relatant son voyage aux îles Canaries est demeuré inédit. Les volumes II et III se terminent par une Histoire des Plantes médicinales qui sont le plus en usage aux royaumes du Pérou et du Chili dans l’Amérique Méridionale. […] Le Père Feuillée fut un savant passionné que nulle difficulté, nul danger, nulle fatigue, ne décourageaient. Il fut également un moine dévoué et pieux. Tant au cours de ses voyages qu’à Marseille, lors de l’épidémie de peste, il fit toujours preuve d’un exceptionnel dévouement envers ses semblables. Il se montra toujours fidèle à ses amis et ses lettres reflètent une extrême courtoisie. […] Rappelons que les travaux du Père Feuillée ont été fréquemment cités tant par les astronomes, tels De l’Isle, Le Monnier, Lalande, que par les voyageurs, comme Charles de Borda, Antonio de Ulloa, de Fleurieu. […] Le 18 avril 1732, le Père Feuillée s’éteint dans son couvent de Marseille, âgé de soixante-douze ans. »
Extrait tiré de :
Ch. Bourgeois, « Le Père Louis Feuillée, astronome et botaniste du roi (1660-1732) », in : Revue d’histoire de la pharmacie, 1967,
Vol. 55, pp 333 – 357
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Mane, Couvent des Minimes, début de l’été 2014. Plusieurs siècles se sont écoulés depuis sa fondation, le Couvent des Minimes est toujours là, posé au pied de la colline, plus resplendissant que jamais, entouré d’arbres de haute et basse futaie, de plantes odoriférantes et de parterres de fleurs, sur fond algorithmique de couleurs et de parfums. Ses pierres blanches semblent se reposer au milieu de cet écrin de verdure. Le bassin adossé à l’église abrite, en ses eaux calmes, poissons rouges, grenouilles, têtards, dytiques, araignées d’eau et autres petits habitants, sous l’œil vigilant des libellules. À l’extrémité nord du bassin s’offre au regard une superposition de jardins en terrasse, agrémentés de larges canapés en osier, avec paravent protecteur du soleil et du vent. Cette péribole verdoyante, un petit chemin plein de charme le traverse ; il s’y faufile à la façon d’un sentier de montagne, utile et discret. En arrière-fond sonore, le doux bourdonnement des abeilles auquel se mêle, en notes et mouvements variés, le chant des oiseaux et des cigales.
La devise, « Fluctuat nec mergitur », pourrait s’appliquer, mutatis mutandis, à ce monastère : peu après la Révolution française, le pas des religieux cesse de s’y faire entendre pendant un demi-siècle mais la vacuité des lieux n’altère en rien la beauté du site et, en 1862, le chanoine de Forcalquier entreprend des travaux de restauration et le transforme en hospice. Le Couvent des Minimes voit arriver en ses murs, quelques années plus tard, les Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie, ordre missionnaire, créé sur autorisation du Pape Pie IX en 1877. Les Sœurs Franciscaines s’occupent des résidents de l’hospice et, pour subvenir aux besoins de la communauté et des pensionnaires du Couvent, elles cultivent les jardins en terrasse et plantent des arbres fruitiers et de la vigne. Jour après jour, les années s’écoulent, scandées par les saisons, au rythme des prières, des travaux et des soins apportés aux résidents, et ce, pendant plus d’un siècle, jusqu’au départ des Sœurs Franciscaines en 1999.
Le Couvent des Minimes retrouve alors, brevi tempore, le silence de ses murs.
Année 2004, une nouvelle ère s’ouvre. Sous la houlette du groupe l’Occitane et des professionnels de l’hôtellerie et du Spa, une première série de travaux est effectuée par Bruno Legrand, spécialiste dans la restauration de bâtiments anciens. Celui-ci s’attache, avec succès, à harmoniser les différentes constructions réalisées au cours des siècles et, en 2008, le Couvent des Minimes devient le Relais & Châteaux Le Couvent des Minimes Hôtel & Spa. La seconde série prend place, quelques années plus tard, au cours des premiers mois de l’année 2014 ; ils sont confiés à l’Atelier Pascal Borde. La réussite est, là aussi, au rendez-vous ; l’authenticité des lieux est non seulement préservée mais magnifiée. L’épurement et l’harmonisation des lignes, associés aux couleurs pastel de la Provence, s’inscrivent dans l’esprit et l’âme pluriséculaires du Couvent des Minimes. Ainsi en est-il des chambres qui, par la qualité des matériaux et le choix du mobilier, unissent, dans un souci du détail, le luxe au dépouillement.
À la beauté exceptionnelle des lieux vient s’ajouter une cuisine de qualité, originale, légère et raffinée, mettant en valeur les produits du terroir ; cette symphonie, orchestrée par le chef Jérôme Roy, est interprétée chaque jour, midi et soir, au restaurant gastronomique « Le Cloître » et au restaurant bistrot « Le Pesquier ». La cave à vin, appelée « La Cornue », située au cœur du Couvent, permet aux papilles de poursuivre leur voyage au pays des saveurs et des arômes, via la dégustation de grands crus.
En prolongement de l’herboristerie pratiquée par les religieux au cours des siècles précédents, le Spa L’Occitane, fort de ses connaissances en ce domaine et de son savoir-faire, associe, dans le cadre des soins prodigués, ingrédients authentiques, d’origine certifiée, aux bienfaits de thérapies ancestrales. Piscine intérieure, laconium, hammam, saunas, espace de repos et salle de fitness apportent leur contribution au bien-être des hôtes. Le Couvent des Minimes a, depuis sa fondation en 1613, vu glisser le temps entre les mailles de l’Éternité ; toutefois, son fondateur, le Marquis Melchior de Forbin Janson, doit, à n’en pas douter, se réjouir de voir que la bâtisse, construite voilà quatre siècles, plus belle que jamais, a résisté à l’érosion du temps ; que la biodiversité environnant le Couvent fait l’objet d’une attention toute particulière et que, de surcroît, le Spa L’Occitane perpétue la tradition de phytothérapie instaurée par les moines.
Quant au personnel du Couvent des Minimes, par sa gentillesse, sa qualité d’écoute et son sens de l’anticipation, il maintient l’usage du bien-recevoir, une autre tradition monastique du Couvent. Sous l’œil attentif et bienveillant de Valérie Piacentino, maîtresse de maison, et de son époux, Fabien Piacentino, General Manager.
À une époque où le temps fait défaut, où les marques de courtoisie s’étiolent, où le béton et le bitume sont rois, une visite au Couvent des Minimes, sur les pas du Père Feuillée, est un baume pour le cœur et le corps, préparation apaisante mise spécialement au point, pour ses hôtes, par le Spa L’Occitane.
Valérie DEBIEUX (juin 2014)
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